1ère L, spécialité Art-Danse

Paroles de Camille, Lara, Anaïs et Thibaut
recueillies par Françoise Lhemery, professeur EPS
Lycée Louis Liard de Falaise, CAEN (14)
Classe de 1ère L, option Art-Danse

Contexte

Élèves de premières littéraire qui suivent l’enseignement de spécialité art-danse depuis la seconde et jusqu’à la terminale. La plupart d’entre eux suivent également l’enseignement de l’option facultative art-danse.

Les élèves sont impliqués en tant que spectateur, chorégraphe et danseur. Ils voient une douzaine de spectacles professionnels par année scolaire, bénéficient d’ateliers exceptionnels et master class avec des artistes, en lien direct avec les œuvres au programme ou de la programmation régionale annuelle et/ou ponctuelle.

« Je ne fais ni de l’art pour l’art, ni de l’art contre l’art. Je suis pour l’art, mais pour l’art qui n’a rien à voir avec l’art. L’art a tout à voir avec la vie. »

Robert RAUSCHENBERG

Paroles de Camille, Lara, Anaïs et Thibaut

Ces paroles d’élèves ont été récoltées au mois de mars 2010 et apparaissent ici comme un état des lieux intermédiaire de leur cursus au sein de l’enseignement de spécialité art-danse.

Qu’est-ce que la danse pour toi ?

Camille : la danse est mon moyen d’expression. Mais c’est surtout quelque
chose de primordial à ma vie et qui lui donne un sens. C’est beaucoup plus
qu’une passion. C’est une autre partie de mon caractère et c’est à la fois ce
qui le fait, ce qui le forge.
Lara : c’est l’expression par le corps qui ne nécessite pas la parole.
Thibaut : la danse, c’est un esprit. Quelque chose de très personnel.
Un langage du corps, parler à l’aide de sa gestuelle et exprimer
différemment selon ce qu’on traverse dans sa vie.
Anaïs : s’évader, se libérer, se donner aux autres, aller toujours plus loin de
ce qu’on peut faire.

Quelle(s) différence(s) vois-tu entre la danse et les autres activités physiques ?

Camille : il y a de la dépense physique dans les deux cas mais à mon goût la danse va beaucoup plus dans les émotions.
Lara : dans la danse le corps est au service de quelque chose : il y a une intention, une signification. La danse est un art et se distingue donc des activités physiques autres qui sont du sport.
Thibaut : la danse parle, tout simplement !
Anaïs : « pas de différence seulement dans le sens ou les deux engagent le corps. Mais la relation à l’autre et les sentiments investis sont différents.

C’est quoi pour toi : « bien danser ? »

Camille : bien danser est le fait d’avoir un minimum de technique car elle
ouvre plus de facilité et de possibilité. Mais c’est aussi avoir sa propre vision
de la danse, sa personnalité qui fait que l’on met en avant une identité, une
singularité.
Lara : sûrement ; c’est être juste dans l’état choisi, à part entière, savoir qui
on est et dans quoi on est.
Thibaut : bien danser c’est être soi-même, assumer ses choix, aller
jusqu’au bout des choses sans jamais avoir trop confiance en soi. Il suffit
juste de laisser son corps parler.
Anaïs : je ne sais pas … c’est trouver un épanouissement personnel…

Qu’es-tu venu chercher en entrant dans cette option art danse ?

Camille : je suis venue chercher une connaissance sur l’histoire de la danse dont je n’avais aucune idée avant. Mais aussi découvrir différents styles et courants de danse. Je cherche par ailleurs à m’améliorer à chaque intervention et explorer de nouvelles qualités de danse.
Lara : je suis venue chercher des réponses sur La DANSE, découvrir encore plus sur le pourquoi des choses. Grandir, m’enrichir, apprendre…
Thibaut : je cherchais à connaître de nouveaux horizons, découvrir une culture nouvelle et apprendre plus sur les capacités du corps.
Anaïs : c’était venir partager, découvrir différentes manières de danser et savoir jusqu’où on peut aller.

Qu’est-ce que « la culture chorégraphique », pour toi ?

Camille : c’est le fait de découvrir la matière que chacun, avant nous, nous a
laissée dans la danse. C’est la diversité à chaque fois que l’on assiste à un
spectacle ou que l’on ouvre un livre.
Lara : savoirs, connaissances, apprendre et comprendre tout ce qui touche
à la danse.
Thibaut : c’est l’héritage des siècles de danse passés qui instruisent notre
danse d’aujourd’hui.
Anaïs : le danseur est un être empreint d’une culture et c’est pour nous le
besoin d’un sentiment d’appartenance. Cette culture chorégraphique nous
sert à comprendre et trouver des réponses aux questions qu’on se pose
quand on étudie une œuvre et à mieux se construire en tant que danseur.

T’apporte-t-elle quelque chose ? Si oui, quoi ? Si non, pourquoi ?

Camille : d’un point de vue historique, il m’a été très important de découvrir les plus grands. Cela m’apporte des idées.
Lara : oui, le fait de comprendre et de s’enrichir culturellement permet d’affirmer et de développer ses goûts. Cela sert à mieux pratiquer ensuite.
Thibaut : cette culture nous forme l’esprit pour nous ouvrir au monde, dans la liberté d’expression. Elle permet de mettre en relation des expériences personnelles et des envies créatives.
Anaïs : oui, le SAVOIR !

Qu’as-tu découvert dans cet enseignement art-danse, sur toi ? Sur les autres ? Sur les artistes ?

Camille : sur moi : je me suis découverte certaines capacités physiques
dont je ne me pensais pas capable. Une façon de penser qui m’a fait évoluer
et grandir. Sur les autres : je suis assez individuelle et le fait de travailler en
groupe m’a permis de découvrir le plaisir de faire un duo, un trio de ressentir
le plaisir des autres. Sur les artistes : Les artistes rencontrés jusqu’à
présent m’ont apporté énormément, ce sont des personnes qui nous
poussent beaucoup dans notre travail et qui nous ouvrent l’esprit à découvrir
encore plus.
Lara : sur moi : beaucoup de choses, comment je me place par rapport à
la danse, mon ressenti, ma capacité à absorber certaines choses de la vie.
Sur les autres : le rapport à l’autre. Sur les artistes : être toujours différent,
prendre de la distance par rapport à tout.
Thibaut : sur moi : j’ai découvert mon manque de confiance en moi face au
regard des autres. Sur les autres : une vraie complicité dans le travail, un
certain jugement parfois mais surtout une solidarité et un soutien. Sur les
artistes : une générosité et un engagement.
Anaïs : sur moi : une réflexion sur qui je suis. Sur les autres : ensemble, on arrive à créer et à partager. Sur les artistes : être soi-même et en même temps hors du commun.

Qu’est-ce qui t’a déplu ou gêné dans cette expérience ?

Camille : j’aurai tendance à perdre confiance en moi mais sinon rien de gênant.
Lara : beaucoup de remise en question, me perdre et ne pas me reconnaître…
Thibaut : en fait…je ne sais pas vraiment…
Anaïs : le fait de se mettre à nu.

Peux-tu citer les œuvres, vues et/ou traversées, qui t’ont marqué (e) ?

Camille : So schnell de Dominique Bagouet, Rosas dans Rosas
d’A.T.Keersmaeker.
Lara : So schnell de Dominique Bagouet, Walzer de Pina Bausch, Goodbye
Mr Gershwin de Montalvo Hervieu.
Thibaut : Café Mûller de Pina Bausch, Rosas dans Rosas
d’A.T.Keersmaeker, Medea de Sacha Walz.
Anaïs : So schnell de Dominique Bagouet, Rosas dans Rosas
d’A.T.Keersmaeker, Just to dance de Fattoumi/Lamoureux.

Quelle œuvre t’apparait aujourd’hui comme incontournable dans l’étude
de la culture chorégraphique ?

Camille : So schnell de Dominique Bagouet.
Lara : Walzer de Pina Bausch.
Thibaut : Walzer de Pina Bausch.
Anaïs : So schnell de Dominique Bagouet.

Quelle(s) trace(s) en gardes-tu dans le corps ?

Camille : aller toujours de l’avant et chercher à « finaliser » le mouvement. Le rôle du regard…
Lara : le geste, le rien…ne plus contrôler par l’esprit, laisser aller. Chamboulement-secousse…
Thibaut : je ne suis pas sûr d’avoir conscience réellement de ce qui me reste dans le corps… aujourd’hui.
Anaïs : aller de l’avant. La rigueur tout en ayant le droit d’avoir un esprit décalé.

L’étude de l’art chorégraphique a-t-elle changé ta vision de la danse ?

Camille : le fait de créer personnellement ou en groupe m’a appris à voir plus loin, la symbolique d’un geste, ce qu’il raconte ou pas, la logique de mouvement. La construction scénique, l’espace, tout devient plus important après avoir travaillé dessus…
Lara : La danse ce n’est pas juste « ça »… Cela ne s’arrête pas là.
Thibaut : on prend conscience d’une réflexion profonde derrière le mouvement.
Anaïs : elle l’a fait évoluer.

Cette étude a-t-elle permis une meilleure connaissance sur l’art en général ?

Camille : si la chorégraphie existe en danse, je crois pouvoir dire qu’il y a une construction dans tout art, une logique.
Lara : bien sûr ! Parce que tout est lié !! Engendrement-complément.
Thibaut : oui, car les œuvres étudiées abordent différents courants et disciplines artistiques.
Anaïs : oui car l’approche de l’histoire de la danse, des mouvements artistiques ont accompagné et parfois révolutionné la danse. On en sort grandi !

Si tu dois résumer en 3 mots LA danse, quels sont-ils ?

Camille : esthétisme / philosophie / liberté.
Lara : esprit / expression / corps.
Thibaut : partage / communication / émotion.
Anaïs : un / grand / art.

Si tu dois résumer en 3 mots TA danse, quels sont-ils ?

Camille : forme d’expression / contemporaine / en–dedans !
Lara : autre part / fermé / éloignement.
Thibaut : théâtre / retenue / soucieux.
Anaïs : accents / dynamique / force.