Term, option EPS-Danse

Paroles d’Aude, Orlane et Mathilde
recueillies par Chloé Dutilh, professeur EPS
Lycée de la Légion d’Honneur, Saint-Denis (93)
Classe de Teminale option EPS-Danse

Contexte

Option facultative EPS DANSE du lycée de la Maison d’Education de la Légion de Saint-Denis (93).
Ces trois élèves ont suivi un cursus de danse de 3 heures hebdomadaires sur les 3 années de lycée.
Au cours de ce parcours, elles ont composé et présenté des chorégraphies collectives et en solo, ont rencontré des chorégraphes et un vidéaste au cours de stages internes et externes à l’établissement, et ont assisté à plusieurs spectacles de danse contemporaine programmés dans les théâtres partenaires du lycée.

Paroles d’Aude

Qu’est-ce qu’était la danse pour toi, à ton entrée au lycée ?

Avant, et pas seulement en danse, je recherchais le beau, l’agréable. La danse était un moyen d’atteindre l’excellence. La seule danse qui existait à mes yeux était la danse classique. J’en ai fait six ans ; n’ayant, comme modèle et comme seule ouverture, que mes professeurs. La danse était le fruit de mouvements réguliers, gracieux et travaillés.

Comment illustrerais-tu tes propos en image ?

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photo d’Aude

Qu’est-ce que la danse pour toi, aujourd’hui, à l’issue de ces 3 années ?

Maintenant, la danse est pour moi l’expression de sentiments PERSONNELS. En effet, lors de mon cycle de danse classique, les mouvements effectués étaient le recopiage de ceux de mon professeur. Il n’y avait aucune création personnelle. Or, la créativité augmente la sensibilité ; il est plus enrichissant de danser ses propres sensations que celles des autres. Le fait de décider de mes mouvements, de ce que je veux rendre me rend plus sensible à la signification du mouvement. Avant, il était là parce qu’il était dans la chorégraphie. Maintenant, il est là parce qu’il représente quelque chose de précis (un souvenir, une émotion, une personne).
La danse est devenue un moyen d’expression corporelle pour ce qui ne peut pas se dire avec les mots. Elle est un langage.

Comment illustrerais-tu tes propos en image ?

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photo d’Aude

Paroles d’Orlane

Comment a évolué ton regard sur la danse au cours du cursus d’option ?

Certains spectacles m’ont permis d’avancer. Notamment, celui de Pina Bausch, « Sweet Mambo ». Celle-ci, contrairement à certains de ses contemporains, travaille en rapport avec l’anatomie du corps et la personnalité de chacun de ses danseurs. Son traitement de la question du couple est riche. Elle nous raconte, par la danse, la violence de la solitude, l’ambiguïté, la complexité, mais aussi la féérie et l’érotisme des rapports hommes-femmes.
Je pense, comme elle, que pour danser, il faut se retrouver en nous-mêmes. C’est-à-dire, se demander qui l’on est, et surtout pourquoi on est ceci ou cela. Ainsi, la danse représente, pour moi, cette faculté à s’exprimer librement. De plus, nous sommes plus libres de faire des choix en danse contemporaine. En faisant le bilan de mes années de danse, il me paraît difficile d’oublier notre visite sur les représentations du corps à travers les cultures au musée du quai Branly. L’art primitif est impressionnant, et les vidéos de transe, qui ont accompagné cette découverte et qui peuvent au premier abord choquer, m’ont paru finalement merveilleuses. Alors que dans le monde occidental, tout est cimenté. En Afrique, les hommes, comme les femmes se laissent guider par leur corps, leurs croyances, et la danse fait intégralement partie de leur quotidien.
Enfin, la traversée de plusieurs styles de danse m’a permis d’enrichir mon écriture chorégraphique, mais aussi m’a permis de m’ouvrir personnellement. La danse jazz, la danse indienne, africaine, ou le hip-hop m’ont apporté différentes énergies, différentes gestuelles et différentes cultures du corps. Enfin, l’aventure des « Cartes Postales chorégraphiques » et la rencontre avec Gérald Groult, le vidéaste, m’a ouvert ma représentation de l’espace scénique ; on peut danser dans un lieu très confiné ou penser ses mouvements pour une ou plusieurs caméras, ce qui est très différent d’un rapport au public.

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Paroles de Mathilde

Qu’est-ce que la danse pour toi, aujourd’hui, à l’issue de ces 3 années d’option ?

Au bout de trois ans de pratique, je ne suis qu’aux prémices de cet art. Mais ma vision de la danse s’est précisée pour moi, je vous la livre par un poème :

Comme un pantin désarticulé,
Comme la grâce personnifiée,
Mon esprit s’élance sur la piste,
Et mon corps en suit l’inspiration avec délice.

A chacun sa danse,
A chacun sa transe,
Les partitions s’élèvent en crescendo,
Suivies de trios, de duos, de solos.

Je veux d’un pas velouté sur un rythme endiablé,
Dépeindre une clownesque société,
Qui, parmi vous, trouverait ces personnages,
Et en moi, une reine de passage ?